Thin Walls - Balthazar

Ce mois d’avril 2015 marque le retour du groupe alternatif Balthazar avec l’album Thin Walls, lequel pousse encore un peu plus loin le concept ambitieux qui commençait à prendre forme avec l’album Rats paru en 2012. Car voyez-vous, là où les autres artistes et producteurs s’acharnent à trouver à tout prix l’harmonie parfaite, les accords les plus mélodieux,  le son le plus clair, les Belges de Balthazar se sont mis en tête de faire tout l’inverse, amenant ainsi la musique sur un chemin artistique révolutionnaire.

Balthazar n’a que faire de vouloir ménager la sensibilité de ses auditeurs. Avec Balthazar, la musique grince, craque, bourdonne, surprend, dérange, la basse sature, les violons dissone, et la voix grave et rocailleuse de Maarten Devoldere ne compte pas déroger à la règle. Et pourtant, dès que l’on a eu l’ouverture d’esprit d’accepter de se plonger dans ces sonorités étranges, on est soudain saisi par la puissance évocatrice de cette musique. Contrairement à ce qu’on a l’habitude d’entendre, la musique de Balthazar ne se contente pas de nous transporter dans une publicité ultra colorée où tout est propre tout est jolie. Avec Balthazar, on marche sur des rues couvertes de chewing-gum entre des immeubles décrépis, évitant l’eau stagnante d’un caniveau, l’odeur des poubelles qui s’entassent dans un recoin nous saisit pendant un instant, et puis nous poursuivons notre route, parce qu’il fait bon, qu’un air agréable nous souffle au visage, que les rayons du soleil nous caressent doucement la peau, parce que nous nous dirigeons à la rencontre de cette magnifique personne que nous nous lasserons jamais de contempler, parce que ce monde n’est pas parfait, mais il possède tout de même une certaine beauté, et parce que cette beauté, c’est tout ce que nous avons.

Ce sont les violons lugubres de Decency qui nous invite à pénétrer entre les murs peux épais de cet album. « Tandis que la lune glisse à l’extérieur, on continue d’en demander un peu plus, c’est pour cela qu’on est là »  à l’intérieur de ce Club poisseux. A nôtre droite, un soulard déclare à la fille qui l’accompagne «  Si tu es la dernière chose qui empêche mon cœur d’éclater en morceaux, Then What ? et si dans la chaleur et le rythme de ta peau je perds tout ce que j’ai pu gagner, Then What ? » A notre gauche, un couple qui à l’air enfermé dans un Bunker de silence sirote leur boisson en observant les gens s’agiter sur le morceau pop que vient de lancer le DJ. Il se fait tard, nous décidons de sortir du Nightclub, mais un couple nous bloque le passage. « Je ne rentre pas à la maison bébé » crie l’homme à son amie, « Pourquoi devrais-je ?! ». Plus loin sur le parking, tandis que les basses de la boîte de nuit nous sont encore audibles, nous passons devant un groupe de jeunes réunis autour d’une guitare sèche en train de chanter le Last Call, les derniers instants avant la fin de cette nuit sans lendemain. L’homme de tout à l’heure nous redépasse en courant. Il semble avoir oublié que son amie était rentrée chez elle et la cherche partout. Qu’importe « Les jeux sont faits et personne n’a gagné, cette scène qui est morte ne nous amènera pas au lit. » me glisse à l’oreille la personne qui m’accompagne depuis le début de cette nuit. Mais je ne suis pas d’accord, « c’est trop facile de dire ça, So Easy ! » je lui rétorque alors que les premières lueurs de l’aube commencent à apparaitre. « Pourquoi devrions nous attendre, Pourquoi devrions nous nous cacher, de la confrontation avec la lumière. » Peut-être est il temps de ramener l’amour véritable, le True Love, dans la lumière du jour dans laquelle il s’était fait chasser par les préoccupations socio-économique du monde capitalisme.

L’album se termine, le voyage s’arrête, Balthazar nous laisse sur le bitume à la tombée du jour, dans l’espoir d’un prochain voyage, qui cette fois-ci se fera de journée, pourquoi pas dans des cités mystiques inconnues de l’humanité où l’on sent que la musique de Balthazar aurait le pouvoir de nous amener.